Petit Pasfou 2 veut montrer combien il a appris à l'école.
-"Maman, maman! Je peux compter jusqu'à 100 maintenant!
- Ouah! C'est vrai?"
L'erreur fatale a été de prendre un air drôlement impressionné, qui apparemment a été interprété comme une marque d'incrédulité.
-"Oui, oui! Tu veux que je te montre?"
Alors là, pas du tout, du tout, non. Mais bien sûr, je ne peux pas dire ça, d'abord parce que Petit Pasfou 2 est parti pour, avec ou sans mon aval et ensuite parce que sinon il va être un gros traumatisé du calcul.
-"Un, deux, trois, quatre, cinq, six, ...
- Mais je sais déjà que tu sais compter jusqu'à vingt, tu ne veux pas commencer à vingt-et-un?
-...quatorze, quinze, seize, dix-sept, ...
- Non? Bon, ça ne te dérange pas si je monte le son de la radio?
- ...vingt-trois, vingt-quatre, vingt-cinq, ...
- Bon, moi je vais aller 'travailler' à l'ordinateur, mais je continue de t'écouter, ok?
- ...vingt-neuf, TRENTE! Trente-et-un, trente-deux, ...
- Ah? Tu m'as suivie? Mais tu pouvais rester au salon tu sais...
- ...trente-six, trente-sept, trente-huit, ...
- ...dans le canapé, il est bien confortable le canapé...
- ...quarante-cinq, quarante-six, ...
- T'as pas mal aux pieds, d'être debout comme ça?
- ...quarante-neuf... euh... quarante?
- Ah non! On a fait quarante! On avance un peu là hein!?
- ...CINQUANTE! Cinquante-et-un, cinquante-deux, ...
- C'est pas trop fatiguant de compter comme ça? Pffou, moi ça m'userait! Tu veux pas t'asseoir dans le canapé?
- ...soixante-deux, soixante-trois, soixante-quatre, ...
- Bon, je vais au toilettes! Non, non, non: j'y vais *toute seule*!
- ...soixante-neuf, SOIXANTE! euh..DIX! Soixante-et-onze, soixante-douze...
- Petit Pasfou 2, t'as pas besoin de me parler sous la porte tu sais, je t'entends très bien, je t'assure! [Assise sur le rebord de la baignoire avec un 'People' entre les mains]
- ... soi... non... euh, maman? J'en étais où?
- Je sais plus chéri, tant pis, c'était très bien quand même.
- Oh non! Il va falloir que je recommence...
- QUATRE-VINGT-DEUX, QUATRE-VINGT-DEUX!!! T'EN ETAIS A QUATRE-VINGT-DEUX!!!
-...quatre-vingt-deux, quatre-vingt-trois, quatre-vingt-quatre, ...
- T'as pas faim? Non? Soif, peut-être?
- ...quatre-vingt-huit, quatre-vingt-neuf, ...
- [C'est décidé; Pasfollette ne saura pas compter au-delà de dix.]
- ...quatre-vingt-quinze, quatre-vingt-seize, quatre-vingt-dix-sept, ...
- [Mince, je crois qu'elle sait déjà compter jusqu'à onze. Bon, pas au delà de onze alors!]
- ...CENT! Maman, maman, j'ai compté jusqu'à cent!
- Ouais, ben je sais hein! J'étais là je te rappelle! C'est bien, c'est bien; allez, pousse-toi de devant la porte que Maman puisse sortir de la salle de bain."
On entends la porte d'entrée claquer. Petit Pasfou 2 court dans l'entrée.
-"PAPA, PAPA! Je sais compter jusqu'à CENT! Tu veux que je te montre?"
-"Maman, je t'ai dessinée.
- Ah oui? [ton très distrait pour cause de préparation de dîner]
- Oui, je t'ai dessinée quand tu seras morte.
- ... Ah bon?! [ ton nettement moins distrait tout d'un coup]
- Oui regardes: là tu es morte alors tu n'as plus de bras.
- ... et plus de seins!" ajoute Petit Pasfou 2, observant le dessin par dessus l'épaule de Pasfollette.
C'est marrant, je me rendais pas compte que ce sont mes bras et mes seins qui me gardaient en vie.
Il y a une époque, d'entendre la pluie tomber, ça me stressait pas mal.
Nous avons heureusement fini par remédier à ce problème.
Mais on n'est toujours pas copines, moi et la pluie.
Parce que même si elle n'est pas rare à Austin (en hiver en tout cas, pas comme 1 heure à l'ouest, où on rentre dans le désert) , la vie ici n'est tout simplement pas adaptée aux intempéries.
Les routes n'évacuent pas l'eau par exemple, les écoles ferment souvent en cas de "mauvais temps" (genre un brin de verglas, ou un gros orage) et les écoles n'ont pas de préau, enfin, pas celles qu'on a connues jusqu'ici.
Du coup, les enfants restent dans leurs classes et regardent une vidéo *chaque* fois qu'il pleut, ou même qu'il menace de pleuvoir!
Ça m'énerve!
Ça m'énerve d'autant plus que ça arrive plusieurs fois par semaine en ce moment.
En rentrant de l'école, Petit Pasfou 2 me racontait donc en détail la vidéo à laquelle il avait eu droit pendant sa 'indoor recess' d'aujourd'hui, et moi je fulminait tranquillement tout en conduisant, quand... plic... ploc... plic... ploc...
Un petit moment de découragement, quand la boîte de Pasfou lui signifie que je suis à peu près aussi importante que la commode dans laquelle il met ses slips.
Je sais que chuis qu'une pov' laveuse de chaussettes sales pour ses chefs, mais j'aimerais qu'ils s'en cachent un peu mieux.
Ici, j'ai pas le droit de bosser (visa H4).
Pour les Texans, ils voient pas le problème; si le mari gagne assez, la femme doit rester à la maison s'occuper de ses cheveux, ses faux seins, son homme et ses enfants.
Et pourquoi pas? Mais bon, au bout de 4 ans et demi, ma coiffure ne s'est pas particulièrement améliorée, mes seins ne sont toujours pas en plastoc, mon mari est grand, il sait s'occuper de sa petite personne et les enfants, ma foi, les enfants sont en train de se construire une représentation fidèle de la place de la femme dans la société grâce à l'exemple magnifique que je suis. Une femme, ça fait les courses, la lessive et à l'occasion, la cuisine. Super.
Tout ça n'aurait strictement aucune importance si je pouvais affirmer qu'à une époque, maman avait un travail. Mais voilà, j'ai fini mes études 3 mois avant notre départ pour le Texas.
D'où la question que je me pose aujourd'hui: pourquoi j'ai passé le bac?
Alors s'ils ne se montrent pas un peu plus gentils avec moi du côté du boulot de Pasfou, je vais chercher du travail en Europe, moi. Parce que ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'on a un deal avec Pasfou: c'est chacun son tour de suivre l'autre, et là c'est au tour de Pasfou de me suivre.
Parce que, finalement, je suis bien complètement folle...
Alors voilà, non seulement Pasfollette ne retourne pas à l'école (sa place dans son école à été prise en notre absence et une cinquième école à 4 ans, ça va commencer à faire beaucoup), je vais donc l'avoir 24h/24 avec moi; mais en plus je me suis arrangée avec Laura Bush pour prendre Petit Pasfou 2 à midi, juste après le déjeuner (ils déjeunent à 11h15) , pour le faire travailler sur le curriculum français.
À l'origine, on était plutôt contre l'argent de poche pour les enfants.
Les petits enfants américains reçoivent de l'argent de poche toutes les semaines pour la plupart, souvent en contre partie de petits services rendus genre laver la voiture, etc. Moi je me disais qu'il était normal que les enfants nous aident, et que c'était donc tordu de les "rémunérer". Et puis, on leur achète déjà tout ce dont ils ont besoin, alors si c'est pour aller acheter un kilo de bonbons, bof.
Mais j'y réfléchissais il y a quelques jours parce que, ben nous, Pasfou et moi, on n'est pas vraiment très fort pour gérer nos sous. En fait, il s'agit pas vraiment de gestion: on dépense tout ce qui est dans notre compte en banque jusqu'à ce que les chèques reviennent et la carte est refusée. Je n'ai jamais la moindre idée de combien d'argent il nous reste et surtout, à la fin du mois, où il est passé. On n'a jamais mis de l'argent de côté exprès, nos économies ont toutes été accidentelles ou obligatoires. Bref, comme quelqu'un qui nous connaît bien le dit joliment, on est plus 'cigales' que 'fourmis'.
Comme on ne souhaite pas aux enfants d'être aussi nigauds que nous, on a décidé avec Pasfou de tenter l'argent de poche. Depuis le début de la semaine, les garçons ont une liste de tâches à exécuter tous les jours, s'ils font 90% de la liste, ils reçoivent un quarter.
Pour l'instant, la nouveauté aidant, ça marche du tonnerre bien sûr: les chambres sont rangées en permanence, je n'ai pas ramassé la moindre chaussette sale depuis le début de la semaine, la table est mise et débarrassée tous les soirs, les lits sont faits, le linge propre est rangé et les devoirs sont finis.
Hier, les garçons ont même rangé le salon et passé une éponge sur la table basse, pour pouvoir cocher la case "J'ai aidé à garder l'appartement propre". Tout ça, c'est des choses qu'ils faisaient avant, mais de manière très irrégulière et il fallait souvent se fâcher pour les faire bouger. Je doute que ça dure longtemps, mais on va tout faire pour: c'est trop cool les chambres rangées.
Pendant qu'ils sont à l'école, je me surprends à aller dans leurs chambres juste pour vérifier que je ne rêve pas et apprécier le beau spectacle!
Hier soir à table, on parle un peu de ce qu'on peut acheter avec son argent de poche. (Entretenir la motivation est désormais ma priorité!)
Petit Pasfou 2 a déjà fait son choix.
- Moi je veux la cassette de "The Land Before Time 2"!
- Pourquoi pas? Ça coûte à peu près 10 dollars, alors tu pourras l'acheter quand tu auras gagné assez de quarters.
- Oui, quand j'aurais assez de quarters, je vais l'acheter et comme ça je rentrerai chez moi et je la regarderai avec mes enfants, parce que ça leur fera plaisir aussi, à mes enfants.
- Euh, poussin... je pense que tu auras assez de quarters avant d'être papa, quand même. [À moins que t'aie un truc à annoncer à Maman...?]
N.B. Un quarter est une pièce de 25 cents. Dans le même genre, un nickel est une pièce de 5 cents, un dime est une pièce de 10 cents.
Samedi soir nous étions invités à une "Valentine Day's Party" chez de bons copains américains.
La copine nous accueille à la porte, je rentre, j'enlève mes chaussures, je lève la tête et me voilà avec une grande blonde dans les bras, comme ça, ses seins tout écrasés contre mes seins, son menton niché dans mon cou, chacune le nez dans les cheveux de l'autre.
Moi, en général, je suis bonne pour me plier aux us et coutumes locales, mais j'avoue que le gros calin à la place de la bise, j'ai encore du chemin à faire.
Pourtant, c'est pas bien compliqué: on ouvre les bras, on fait un pas en avant, on ferme les bras, on serre un petit peu, on rouvre les bras, on fait un pas en arrière et on laisse ses bras retomber le long du corps (variante pour les pros: on laisse une main sur le bras de l'autre pendant quelques secondes avant de lâcher prise pour de bon; j'y travaille depuis quelques mois).
Rien de terrifiant à priori, mais n'empêche que la première fois, ça surprend.
Ma première fois était après un très bon, long dîner chez nos premiers copains US (dont j'ai déjà parle dans ce billet ); on se connaissait depuis un moment mais ce n'était encore que la deuxième soirée qu'on passait ensemble. On a beaucoup parlé, rigolé, on s'est plu quoi.
On finit le repas, on se rend compte qu'il est tard, on s'apprête à repartir; pendant que j'enfile mon manteau, je commence déjà à vérifier mentalement qu'on n'a rien dit d'insultant, qu'il n'y a pas de deuxième interprétation possible aux blagues qu'on a faites, que nos hôtes ne se couchent pas en se demandant si quelque part, on ne se foutait pas de leur gueule, etc.
Le temps de récupérer le sac à main, et je suis grosso modo rassurée: il n'y a pas de mise au point urgente à faire, je peux remercier nos hôtes en toute tranquilité. Je me tourne donc vers eux, les remercie pour l'excellente soirée et leur bonne compagnie - et voilà ti pas que ma nouvelle cop' a ses bras tout autour de moi et avant de pouvoir me contrôler, tout mon corps se raidit, je m'arrête de parler en pleine phrase et je regarde très fixement le papier peint. Je savais très bien qu'elle cherchait pas à décrocher mon sous-tif, qu'elle ne faisait que me dire au-revoir, mais c'est mon subconscient que je n'arrivait pas à convaincre, lui il pensait qu'elle était bourrée et qu'elle se découvrait un côté saphique.
Je me suis sentie tellement bête.
La bonne nouvelle, c'est que j'ai appris à ne plus me raidir et même maintenant, j'arrive à mettre un bras vaguement autour de la copine ou du copain. Ça n'a pas l'air de se faire entre hommes.
Enfin, je trouve ça quand même curieux, dans un pays où la menace de procès pour harcèlement sexuel est omniprésente (Pasfou a même du faire un training sur le sujet, obligatoire pour tous les employés de sa boîte) que les gens se fassent des câlins comme ça.
En fait, c'est plutôt positif, de se dire que malgré la paranoia, il y a des Américains pour qui le câlin est prioritaire.
Tiens, chuis toute attendrie, j'vais leur faire un gros, vrai de vrai câlin la prochaine fois, foi de Télétubbie!
Au fait! Samedi matin, pour la première fois en 17 ans...
...Il est tombé à Austin de la neige qui est restée plusieurs heures. L'an dernier on avait eu quelques flocons, mais ils avaient tout de suite fondu; alors que cette année il y a eu des bonhommes de neige partout et les boules de neige volaient dans tous les sens. Les cactus pleins de neige, c'est très joli.
Pour voir la petite révolution, le petit raz-de-marée d'amour qui envahit San Francisco depuis jeudi, c'est ici (via The Pie in Paris).
C'est très émouvant, cette longue file, ces centaines de couples se tenant par la main, ces sourires parfois nerveux, surtout heureux.
Ma photo préférée: celle de l'escalier de la mairie où se déroulent sept mariages en simultané, sept petites bulles de bonheur qui vont faire leur chemin.
Alors voilà, je sais qu'ils peuvent pas m'entendre, mais...
"CONGRATULATIONS AND MAY YOUR MARRIAGES BE LONG AND HAPPY !!!"
A l'occasion de la St Valentin, chacun de mes trois enfants doit emmener une vingtaine de cartes pour chacun de leur camarades de classe. (Ce qui nous donne environ 3x20=60 cartes à écrire.)
Les maîtresses envoient une liste avec le nom de tous les élèves de la classe, et il est interdit d'oublier quelqu'un. Elles encouragent leurs élèves à fabriquer les cartes eux-mêmes pour faire plus personnel.
La première fois, avec Petit Pasfou 1 (5 ans et demi à l'époque), je me suis attelée à la tâche avec ferveur.
On allait faire des super cartes hyper créatives et vachement belles.
Et Petit Pasfou 1 allait se révéler être un véritable artiste, et se découvrirait ainsi une vocation, et il ferait des cartes tellement extraordinaires qu'elles se vendraient dans tout le Texas, et il passerait à la télé, et ce serait tellement la gloire qu'il deviendrait astronaute, au moins!
Bref, j'y croyais.
J'ai réuni tous genres de papiers et tissus de couleur, des gommettes, des ciseaux, des peintures, de la colle, des vieux magazines, des feutres, des bouts de laine, du carton, des pinceaux en soie de porc dans toutes les tailles et un magnifique tablier l'enveloppant presque entièrement. Je l'ai installé à table, avec tout son matériel et je lui ai expliqué qu'il s'agissait de faire des petites cartes pour ses camarades de classe et qu'il pouvait les décorer comme il voulait!
Je fis quelques pas en arrière, pour admirer le beau tableau. Je ne voulais pas l'influencer, je voulais laisser cet enfant s'exprimer en toute liberté.
Petit Pasfou 1 me regardait, je l'ai encouragé avec un sourire et un hochement de tête.
Deux minutes plus tard, Petit Pasfou 1 me regardait toujours, il n'avait pas bougé d'un cil.
"Je le bloque, le pauvre.", je me suis dit; alors je me suis éclipsée. J'ai trouvé à faire dans la chambre de Pasfollette pendant cinq minutes, puis je suis revenue vers Petit Pasfou 1.
Toujours rien, pas le moindre mouvement.
Le doute m'envahit: peut-être la lumière n'était pas bonne?
Je lui ai donc demandé pourquoi il ne commençait pas, et il m'a répondu fort logiquement qu'il ne savait pas faire.
Et là, on a entamé un processus supra laborieux d'apprentissage, mon apprentissage.
Grâce à ma peur "d'influencer" les goûts de mon fils, on a avancé à reculons:
-"...ok, le carton marron foncé - si, si, c'est très joli! Tu le coupes jusqu'où là?
- Je sais pas, jusqu'où il faut que je le coupe?
- Ça dépend, tu veux qu'elle soit grande comment ta carte?
- Je sais pas, c'est grand comment une carte ?
- Ça dépend y en a des grandes et des petites. Tu la veux plutôt grande ou plutôt petite?
- Je sais pas, c'est comment les grandes?..."
Et que ça, que ça, que ça pendant une heure.
Au bout d'une heure, Petit Pasfou 1 avait terminé, il était le fier papa d'un gros bout de carton marron foncé, dégoulinant d'un mélange de colle et de laine rouge sur lequel il avait collé quatre gommettes en forme de coeur et la photo d'une starlette en père-noël trouvé dans le "People" de décembre.
En plus il m'avait bousillé le feutre rouge en écrivant dans la colle.
J'étais, comment dire... déçue.
Il a commencé à descendre de table et je l'ai retenu: "Et bien attends! Il faut en faire encore 19!"
Et là, au regard ahuri que ma lancé Petit Pasfou 1, j'ai compris.
J'ai compris que l'un de nous deux allait y passer si on s'embarquait à nouveau dans ce cauchemar.
Alors j'ai découpé le carton en cartes et tout le papier rose en 19 coeurs. Ensuite j'ai encollé le tout et laissé Petit Pasfou 1 choisir dans quel sens il voulait coller le coeur sur la carte. Puis il a signé à la chaîne les 19 cartes.
[Oui, j'ai conscience d'avoir fait là un truc que je reproche aux écoles ici, mais moi, je suis pas une école.]
Trois ans plus tard, voici comment ça se passe la veille de l'échange des cartes de la St Val' à l'école.
Je me rends compte vers 16h que j'ai oublié d'acheter les cartes pour l'école. Je me précipite dans notre supermarché local.
Comme je m'y prends à la dernière minute, il ne reste plus que des cartes Barbie ou des cartes Power Puff Girls. Pas terrible pour des garçons (Pasfollette n'a pas encore repris l'école). Je fouille un peu, j'arrive à trouver derrière un amas d'ours en peluche rose vif, une boîte de 32 cartes pas trop 'fille', je la prends, avec une boîte de 32 Power Puff Girls.
De retour à la maison, je donne à chaque garçon sa liste de noms, son tas de cartes et un Bic.
Une heure plus tard (et oui, c'est que ça papote: "Oh! Toi aussi tu as un Danny dans ta classe?... Tu me passes la Power Puff Girl verte s'il te plait?... Mais non, ça s'écrit pas comme ça Danny! - Si. - Non! - Si! - NON! - Sississississississississi!..."), les cartes sont finies et tout le monde est libéré de cette détestable tâche.
Je suis mauvaise langue, parce que, finalement, j'ai beaucoup appris grâce à cette fête:
- que je hais la Saint Valentin,
- qu'il faut jeter "People" dès qu'on a fini de le lire,
- que le diamant est la preuve d'un amour vachement sérieux et gros et tout,
- qu'il y a des couleurs dans les tons roses vifs qui font mal aux yeux, et
- que Danny peut aussi s'écrire Dani.
Ça a été évoqué dans les commentaires de ce billet.
De quoi s'agit-il? De protéger mes enfants apparemment.
Aujourd'hui on a reçu, parmi d'autres papiers, une enveloppe expliquant que 800 000 enfants disparaissent chaque année et que pour "protéger" nos enfants, nous devrions leur prendre leurs empreintes digitales et des bouts d'ongle et quelques cheveux (pour l'ADN), et conserver le tout avec nos papiers importants. Dans l'enveloppe il y a un kit très élaboré, et des instructions limpides.
Mais, je ne vois vraiment pas en quoi ça va protéger mes p'tiots d'avoir tout ça... aider à identifier leur corps oui, mais les protéger...?
Même si Pasfou se barre avec nos enfants, ou que l'un deux s'enfuit; à quel moment on va prendre la deuxième empreinte?
Et le péd0phi1e-tueur, ce n'est pas le fait que j'ai leurs empreintes digitales et ADN qui va le retenir.
Ceci étant, je ne suis pas opposée à l'idée et je le ferais peut-être, mais j'aime pas quand on essaye de me paniquer. La vie de parent est assez pleine à ras bord de raisons de stresser pour son enfant; c'est bon, on n'est pas complètement crétins, on écoute les infos aussi, on sait que nos enfants courent des dangers tous les jours, mais on prend courageusement sur nous et on mène notre vie de famille le plus normalement possible.
Alors si c'est pour encore venir nous filer les pétoches, pour des prunes qui plus est, c'est pas la peine!!
Il pleut en ce moment, et du coup on a à nouveau une voiture-piscine.
Hier après-midi, pour aller chercher les enfants il m'a fallu deux sacs poubelle et deux serviettes de bain pour ne pas avoir les fesses mouillées et un parapluie pour empêcher les gouttes d'eau de me couler dans les yeux.
Oui, un parapluie *dans* la voiture. C'était pas commode, je l'ai coincé de manière à avoir les deux mains libres, mais je n'avais pas le choix: il fallait prendre les enfants à l'école, on n'a pas d'autre voiture et les plus grosses fuites sont situées très exactement au-dessus de la tête du chauffeur.
Après avoir pris les enfants, je suis passée chez mon garagiste préféré.
-"Bonjour! Voilà, j'ai une fuite.
- Bon, on va regarder ça. C'est une fuite de quoi, vous savez?
- ...ben, d'eau. [Et là admirez, mon cerveau se réveille] Pardon, c'est une fuite dans mon toit. Il pleut dans ma voiture."
Après quelques franches rigolades avec les mécanos et deux ou trois blagues impliquant à la fois ma dodge et le parapluie [hin hin, très drôle], on a pu aller faire l'état des dommages.
-"En fait je voudrais savoir combien ça coûterait de juste, genre boucher les trous au mastic... genre."
Le mécano, en train d'appuyer comme un gros malade sur le toit ouvrant:
-"On dirait que c'est votre toit ouvrant qui ferme plus bien."
Aïe.
Moi, chuis pas super fan des toits ouvrants, mais Pasfou, pour une raison que je n'ai pas encore réussi à déterminer, leur voue un culte. Je n'ose même pas imaginer combien ça coûterait de remplacer le toit ouvrant, et puis pour installer un truc flambant neuf sur de la tôle dont même pas 50 % de la surface est encore recouverte de peinture. Plus cette voiture tombe en morceaux, moins j'ai envie de dépenser sur elle.
De toutes façons, avec l'emprunt en France et le dollar en chute libre, on a plus de sous.
-"Et donc, sinon, vous avez, genre du gros scotch ou quelque chose, ... genre."
Le garagiste est un passionné de la retape de vieilles carcasses; je sais bien que je l'impressionne pas avec ma pov' poubelle.
- "Bon, si vous êtes prêts à renoncer au toit ouvrant, on peut vous mettre un gros joint qui ferait tout le tour. Ça empêcherait l'eau d'entrer, mais vous ne pourriez plus l'ouvrir, naturellement.
- Et pour combien?
- 40 dollars.
- Ok, ça je peux."
On fixe un rendez-vous pour le lendemain matin.
Le soir venu, j'hésite entre annoncer que la chose est déjà faite et ainsi m'éviter une conversation de deux plombes sur l'utilité des toits ouvrants, ou dire la vérité à Pasfou. Le problème c'est que je mens très mal à Pasfou.
-"Demain matin, je laisse la voiture au garage. Ils vont nous réparer la fuite dans le toit.
- Bonne idée!
- Ouais, parce que tu sais que là, j'arrivais même plus à conduire avec toutes les gouttes qui me coulaient dans les yeux.
- Très bien, t'as raison.
- Parce que là, chais pas si t'imagines, mais je conduisais avec un parapluie ouvert au-dessus de la tête!
- Je suis désolé pour toi! [sourire tendre de Pasfou, 'faut que j'en profite, ça va pas durer]
- Nan, mais c'est quand même dangereux, tu vois?
- Oui, oui, mais chuis d'accord, t'as complètement raison. Tu sais combien ça va coûter?
- Ben, pas grand chose: 40 dollars.
- Cool! Ils ont trouvé le trou alors?
- Voui-iiiii. [Il est grand, de forme rectangulaire et comporte une vitre mal scellée.]
- Impec'!
- Bon, sauf que... on pourra plus ouvrir le toit ouvrant. En fait, le garagiste dit que c'est de là que vient le problème; alors il est sympa, il va juste nous poser un gros joint tout autour. Mais bon,... on pourra plus ouvrir le toit."
Pasfou, le pauvre, est sous le choc.
- "Mais, mais...pourquoi?"
Et s'ensuit toute une série de protestations plus ou moins pathétiques.
Moi, j'arrive pas à croire qu'il préfère conduire avec un parapluie que renoncer à son bête toit ouvrant, et je lui dis.
Alors il arrête, et dit:
"Bah, j'aurai une décapotable bientôt."
Puis il prend un air tout rêveur, souriant doucement.
C'est ça mon vieux, on n'a pas les sous pour réparer la transmission de la voiture mais on va payer une décapotable. :-)
Moi, je l'aime Pasfou parce qu'il ne se laisse pas abattre. Et re- :-) !
Une chose qui me frappe toujours dans le couloir des classes de
Kindergarten, c'est les tables situées juste à côté de la porte de chaque
classe.
C'est à cette table que les enfants viennent, chacun leur tour effectuer
leurs activités manuelles (genre décorer une chaussette, transformer les
rouleaux de papier WC vides en chien, etc.). Ce que je trouve dommage,
c'est que avec l'aide de la mère bénévole chargée de ces activités, ils
exécutent chacun le même travail, comme dans une usine, et sortent tous le
même produit.
De mon temps, chacun se dépatouillait comme il pouvait, regardait les autres
faire, posait des questions, essayait de se souvenir comment la maîtresse
avait fait ce #*!@ de pompon et finissait par chourer celui de son voisin
qui était plus réussi.
Ici, la bénévole dirige et donne les intructions au fur et à mesure, aidant même l'enfant a obtenir une répartition parfaitement équilibrée des gommettes ou une juxtaposition harmonieuse des couleurs.
Si elle croit que ça va m'empêcher de le jeter dès que Petit Pasfou 2 aura le dos tourné....
Bon, c'est normal, z'êtes tous des mecs, c'est le sein de Janet qui vous intéresse le plus.
Mais en tant que femme, je souhaite rappeler à mes soeurs blogueuses qu'il y en avait pour tout le monde au Super Bowl.
Sauf que là, encore une fois, les femmes sont moins bien servies que les hommes.
Je parle bien sûr du streaker professionnel, payé pour faire de la pub à un site de casino online.
Non seulement Janet Jackson est mieux foutue (hé oui, quand on se met à poil devant tout le monde, difficile de cacher le bide-à-bière mon vieux!) mais le pire est que tout le monde parle d'un streaker, alors que ce n'en est pas un! Pas un vrai en tout cas.
C'est vraiment des p'tits joueurs aux US, y'a pas à dire. Ils embauchent un streaker britannique (les meilleurs streakers de la planète, comme tout le monde sait), ils se pavanent sur leur site d'avoir embauché un des meilleurs, si ce n'est le meilleur:
"Recognized by the Guinness Book Of World Records as the world's most prolific streaker, Mark Roberts has made a name for himself by streaking various sporting events mainly in Europe and abroad. Given the unprecedented security measures in place at Houston's Reliant Stadium for the Super Bowl, Roberts' first successful North American streak is without a doubt his greatest yet."
... puis lui demandent de se couvrir l'appareil génital pour aller faire son travail!!
Quel gâchis, ils ont vraiment rien compris à rien!
Pire, c'est une insulte à la longue et digne histoire du streaking!
En plus, je remarque que le précédent streaker embauché par ce casino (apparemment pour un match de foot en Europe)
était, lui, entièrement nu; peut-être parce qu'ils respectent moins les sensibilités européenes, alors que quand c'est leurs propres familles qui seront devant l'écran, c'est une autre affaire...
Ce matin, j'ai emmené les garçons à l'école. J'ai vu la maîtresse de Petit Pasfou 2, qui lui a fait un calin et m'a posé quelques questions sur notre séjour en France. Elle finit sur un: "Je vous revois lundi alors?"
...Ah oui?
...Aaaah, ouiiiii! Heureusement qu'elle me le rappelle, je pensais avoir été remplacée; j'irai donc lundi faire lire les enfants de Kindergarten à Laura Bush. Complètement déconnectée la Pasfolle!
Pendant que j'attendais de voir la personne chargée des inscriptions, pour réinscrire les garçons, je vois la directrice faire entrer trois enfants dans son bureau. Je suis intriguée: "Comme quoi, y en a des pires que les miens. Ceux là ont déjà réussi à se faire punir, avant même que la classe commence!".
La sonnerie de début de cours retentit. Et là, dans les hauts-parleurs, la voix d'un enfant accompagné de la voix de la directrice récitent le Pledge of Allegiance:
I pledge allegiance to the flag
of the United States of America,
and to the Republic for which it stands:
one nation, under God, indivisible,
with Liberty and Justice for all.
Et bien, il y avait la réceptionniste et la personne chargée des inscriptions, derrière moi, l'infirmière, et elles se sont toutes les trois mises debout et tournées vers les drapeaux US sur les murs pour réciter le pledge, en ignorant dignement le téléphone qui sonnait.
Euh, à l'origine, c'était quand même que pour les enfants je crois?
Remarquez bien qu'au rodéo de Houston, ils se mettent tous debout aussi pour réciter le pledge. Un stade entier (ben celui du SuperBowl, pour être précis) qui se lève, retire son chapeau de cow boy (hé oui!), met la main sur le coeur et récite d'une voix un petit texte, c'est impressionant et presque un peu effrayant.
Mais c'était pas fini, parce qu'au Texas, il y a tous les jours après le pledge of allegiance, le pledge of Texas. Même cinéma.
Honor the Texas flag;
I pledge allegiance to thee, Texas,
one and indivisible.
Le tout suivi d'une minute de prière, appelée "minute de silence pour prier ou méditer".
Le Texas pledge et la minute de prière sont tout récents de cette année. Dans la même loi, ils ont imposé d'avoir un drapeau du Texas dans chaque classe vers lequel se tourner lorsqu'on récite. Vous inquiétez pas, y en avait déjà un des US.
Là encore, tout le monde se tait, et soit baisse la tête, soit prend un air réveur.
Pas mal, hein? Difficile de faire plus patriotique, non?
Faux.
L'école (privée) de Pasfollette fait mieux. En plus de tout ça, les enfants sortent devant l'école, l'un d'eux hisse le drapeau US devant l'école et lorsqu'il est hissé, tous les enfants font un *salut militaire* puis chantent une petite chanson:
My Flag is red, white and blue... ('connais pas la fin, désolée)
Cette école a des enfants de 6 mois à 5 ans. Alors, peut-être que les bébés sont dispensés, chais pas, sinon ça doit être pas mal drôle...
Maman a allumé la lumière et a dit: "Allez les enfants, il faut s'habiller. On va prendre l'avion, on va voir Papa."
Moi, j'étais fatigué, mais j'aime bien prendre l'avion et j'avais très envie de voir Papa. Alors j'ai commencé à m'habiller.
Maman était déjà habillée, elle avait l'air très contente.
Pépé était là, il était en train de mettre les valises dans la voiture.
On est tous les trois monté à l'arrière de la voiture, Pépé a mis des sacs de couchage pour qu'on n'ait pas froid. Maman a fermé la maison a clé et est montée à l'avant.
- "J'ai coupé les radiateurs en haut, mais pas en bas. J'ai pas dégagé le garage, alors il ne faut pas essayer d'y mettre la voiture..."
J'enlève mon manteau, Petit Pasfou 2 veut poser sa tête sur mon épaule, mais moi, ça m'énerve. J'enlève mon épaule, c'est quand même mon épaule!
Du coup, Petit Pasfou 2 crie et pleure; raah, qu'est ce qu'il m'énerve!
Maman installe un petit oreiller pour Petit Pasfou 2 avec son pull roulé en boule. Elle continue de dire à Pépé tout ce qu'elle a oublié de faire:
- "Bon, ben, comme la voiture marchait pas, j'ai pas été à la déchetterie poser le sapin, mais il est tout emballé, prêt à être emmené, dans le garage. J'ai pas payé la facture à 6 euros non plus..."
Je recommence à être fatigué, je regarde ma montre, il est 4h20. Petit Pasfou 2 et Pasfollette dorment, je ferme les yeux...
- "Allez les enfants, on est arrivé à l'aéroport... Attends Papa, je vais t'aider!"
On est dans le parking sous l'aéroport.
Il fait très froid.
Pépé dit que c'est formidable qu'on ait mis aussi peu de temps. Il a l'air content.
On monte dans l'ascenseur. On joue un peu dans le grand hall où on fait la queue, mais là, il est vide; on court, on fait un peu les fous, Maman nous gronde, elle veut qu'on reste tranquille. Pépé dit que comme il n'y a personne à déranger, on ne fait pas de mal.
Après avoir donné les valises, on peut aller prendre un petit déjeuner. Je reconnais très bien le café, on s'asseoit à la même table que la dernière fois.
J'aime bien reconnaître les endroits et je dis à Pépé qu'on est déjà venu ici, avec Papa et qu'on était assis au même endroit et que je m'en souviens très bien.
Maman continue de dire à Pépé tout ce qu'elle a oublié de faire. Nous, on mange des croissants et du jus d'orange que Pépé a été chercher.
Puis Pépé nous fait la bise, il dit à Maman d'envoyer un mail pour les trucs qu'elle a oublié et il s'en va.
Maman nous emmène aux toilettes. Moi, j'ai pas envie d'y aller. Maman s'énerve, elle dit qu'il faut y aller maintenant. Moi, ça m'énerve, je peux pas commander mon pipi quand même!
On doit passer sous les portes qui font 'bip'. Maman nous enlève nos manteaux, nos chaussures, elle enlève son manteau, ses chaussures. Puis elle nous fait passer un par un sous la porte.
Mais Pasfollette est trop fatiguée, et elle cogne la porte en passant. Du coup ça fait 'bip'. Quand ça fait 'bip', il faut recommencer et des fois on passe un bâton noir partout sur nos bras et nos jambes.
Mais là, la dame dit juste à Pasfollette de repasser sous la porte, mais Pasfollette ne comprends pas et la dame s'énerve un peu. J'aime pas quand les gens qu'on ne connaît pas se fâchent. Maman aide Pasfollette et on passe tous.
De l'autre côté, il faut se rhabiller très vite, parce que des gens arrivent derrière nous.
Et puis moi j'ai envie d'aller aux toilettes, et bien sûr, Maman est fâchée. Je peux pas commander mon pipi quand même!
Après, on part jouer au bout des portes d'embarquement, sur des soucoupes volantes toutes blanches. On en a une chacune. Maman dit que c'est des bancs, mais je crois pas.
Quand les gens commencent à faire la queue pour monter dans notre avion, je viens le dire à Maman, mais Maman veut toujours attendre d'être la dernière à monter.
-"Qu'est ce que tu préfères? Attendre debout dans la queue, ou assis ici?"
Ben, assis ici, mais j'ai toujours peur que l'avion parte sans nous.
Après avoir donné nos billets on commence à marcher dans la passerelle, là une dame demande à Maman de se mettre sur le côté.
Elle demande à Maman d'enlever son manteau, ses chaussures, d'ouvrir les sacs pour dans l'avion. Elle regarde tout de près.
Ensuite elle demande à Maman de lever les bras et appuye ses mains partout sur Maman,
très vite. Puis Maman se retourne, et la dame recommence. Des fois, c'est nous aussi, mais pas cette fois.
Moi, j'ai encore plus peur qu'on rate l'avion. Je vois passer des gens, pressés.
Enfin, la dame dit à Maman qu'on peut continuer de monter dans l'avion.
Une fois dans l'avion, je me mets vite à côté de la fenêtre. Pasfollette crie parce qu'elle aussi veut se mettre à côté de la fenêtre, elle essaie de s'asseoir sur moi. Maman dit qu'on aura chacun notre tour. D'abord moi pour le décollage, puis Pasfollette, puis Petit Pasfou 2 pour l'atterrissage.
De toutes façons, Pasfollette elle ne veut être à côté de la fenêtre que pour
jouer avec le store, et ça énerve toujours tout le monde.
Je regarde la télé, je mange, je joue à des jeux sur la télé, je vais aux toilettes tout seul pendant que Maman dort.
Une fois qu'on a atterrit, Maman attends toujours que la petite lumière des ceintures attachées soit éteinte avant de se lever, mais on est les seuls dans l'avion après.
Il y a une grosse queue en sortant de l'avion, plein, plein de gens. Il y a des dames qui nous demandent si on est Américains, ou si on a un papier vert.
Les Américains et les papiers verts font la queue à gauche.
Nous on a un papier blanc, alors on fait la plus grosse queue à droite.
Les papiers verts, ils ont de la chance, ils ont presque pas de queue du tout.
Maman dit que c'est parce qu'on est encore arrivé en même temps que ka-elle-aime et briti-chère-ouaise.
Un policier vient gronder un monsieur dans la queue parce qu'on n'a pas le droit de téléphoner dans la queue.
Puis c'est notre tour de passer devant la grosse boîte transparente avec une dame dedans. La dame regarde nos passeports, nous on joue avec nos manteaux par terre, c'est des petites îles. Maman pleure, elle a son doigt posé sur quelque chose, puis elle change de doigt.
Petit Pasfou 2 essaie de grimper sur mon île, alors je lui prends la sienne. Maman pleure fort. Elle regarde une boule ronde comme notre webcam sur l'ordinateur.
Je regarde la dame dans la boîte, je me demande ce qu'elle a dit à Maman, mais la dame ne dit rien, et elle ne regarde même pas Maman. Maman reprends les passeports.
La dame dit quelque chose et Maman réponds avec des yeux rouges et fâchés.
On va chercher nos bagages sur le tapis roulant. Il y a des valises, mais pas celles de notre avion. Au bout d'un moment, Maman finit par faire le tour pour regarder de l'autre côté.
Un monsieur en uniforme était en train de retirer les valises de notre avion. Maman se fâche, elle dit qu'ils sont tous bêtes et que c'est pas possible de ne pas encore avoir compris à quoi
sert un carrousel.
Le monsieur dit que c'est pour éviter aux gens de se faire mal au dos. Maman a l'air furieuse. C'est quand elle a les yeux et le nez rouges qu'elle se fâche le plus fort, alors nous on arrête de jouer avec les voitures à bagages.
Le monsieur s'en va très vite.
Maman dit encore que c'est tous des idiots et puis on fait la queue pour une autre boîte blanche avec une dame dedans. Elle, Maman lui donne un papier bleu.
Enfin, on passe dans un couloir, une porte et Papa est là. Il prend les bagages, et un peu plus loin nous fait plein de bisous. Maman est encore énervée, mais elle est contente quand Papa lui fait un bisou et un calin.
Dans la voiture, je regarde ma montre, il est 11h.
-"Mais, c'est pas possible!"
Papa m'explique que je suis encore à l'heure française et qu'en France, les enfants sont déjà couchés depuis longtemps.
Je mets ma montre à l'heure du Texas, il est 4 heures.