Mince, c'que le temps passe vite quand on s'amuse...
On est mi-septembre et je me prelasse, me dorlotasse dans mon canape, savourant ce silence que seule une ecole peut offrir.
Mon regard se porte tendrement sur mon ventre... mon nouveau bebe est la.
Je le sens me tenir chaud, si chaud... vachement super chaud, en fait. ... Ok, en fait ca super crame cette cochonnerie; vite, vite retirer ce bete laptop de mon ventre...
J'ai quelques mails a ecrire, pour donner des nouvelles a la famille, aux copains.
Pfff, j'en ai pour des heures; si j'osais, je ferais le meme pour tout le monde.
C'est bête comme tout, mais j'ai pleuré comme une madeleine. D'un autre côté, 5 minutes devant Rox et Rouky ont le même effet. Finalement je suis complètement superficielle comme fille. En fait, je crois que j'étais super triste de quitter mon chez moi, mes amis, ma petite Dodge d'amour, mes raccourcis menant à mes adresses, mon soleil éclatant dans mon ciel bleu (mais bon, lui il nous rejoint début juillet alors ça va).
Pendant quelques jours, j'ai oublié les tracas avec les écoles, les politiques locales, nationales et internationales incompréhensibles, l'interdiction de travailler; j'ai fermé tous ces messages d'erreur encombrants pour juste encore une fois aimer mon état d'Amérique sans réserve.
Un retour au Texas après notre incursion en Chine a même été évoqué. Mais oui, quand on aura fini en Chine, y aura plus Bush et sa folie furieuse, j'aurais le droit de travailler (parce qu'on reviendrait en visa L) et... bon ok, on aurait sans doute encore des enfants. Zut, mon plan était presque parfait à 2 garçons et une fille près.
Je cherchais dans les annonces immobilières un petit ranch mais Pasfou était ferme: pas de ranch. Hummf! Il dit ça parce qu'on est à - 10 000 dollars sur la Visa, sinon je sais qu'il ne me refuserait pas un petit ranch de rien du tout avec juste une minuscule douzaine de longhorn et quelques rikikis hectares de bluebonnets.
En plus, c'est ici que nous nous sommes faits nos premiers amis d'adultes ( c'est à dire, sans épanchements avinés stratégiquement placés entre 2 et 6 heures du mat'). Des amis qui nous ont tant appris, qui sont si accueillants envers nos monstres et qui nous écoutent avec toute la patience d'un saint quand on tient à leur démontrer à quel point un système capitaliste est inefficace. Je sais que nous avons commis un nombre incalculable de faux pas, il ne fait aucun doute dans mon esprit que nous avons inconsciemment à un moment où un autre été grossiers envers eux; d'abord parce que je parle beaucoup et du coup, c'est statistique, j'augmente mes chances de dire des bêtises; ensuite parce que même en France (où je suis à priori au courant des us et coutumes) j' arrive à vexer des gens sans l'avoir voulu; enfin parce que y a rien à faire, j'arrive pas à manger en gardant mes mains sous la table et entre nous, je trouve ça franchement pas logique en plus.
Et tout comme en arrivant à Houston je me demandais combien de temps il faudrait aux garçons avant d'oublier leur vie en France; je suis encore plus toute triste quand je pense au jour où Pasfollette oubliera le Texas.
Quitter la France était moins dur (sans doute parce que c'est un stupide pays plein de gens bêtes qui persistent à vouloir voter 'non' à la constitution européene :-) ).
[Ce post n'est pas du tout destiné à me permettre de dormir plus tranquille, de passer devant mon ordinateur sans qu'il me fasse de gros yeux, de culpabiliser sur des choses plus importantes genre les $300 si durement gagnés par Pasfou et qui sont passés en pois sauteurs mexicains (je suis vraiment vraiment vraiment désolée Pasfou, honteuse que je suis, je me flagelle scrupuleusement tous les matins et j'irai plus acheter de pois sauteurs PROMIS!), d'aller sur internet une fois par semaine maxi... ah oui, et de préparer ce fameux emménagement à Pékin.]
J'ai donné des appareils photo jetables aux enfants pour qu'ils puissent se constituer des souvenirs de leurs copains, leur école, leur environnement texan avant qu'on parte.
Je leur ai montré comment s'en servir et je crois que tout le monde a compris. Pasfollette sait même prendre soin de garder ses doigts sur les bords de l'appareil.
Cet après-midi, à la sortie de l'école, Pasfollette prenait encore plein de photos de ses copines, etc. Il m'a quand même fallu quelques minutes pour me rendre compte que...
-"Mais...! Tu tiens l'appareil dans le mauvais sens, Pasfollette!"
Pasfollette baisse l'appareil. Le bout de son nez porte l'empreinte de l'objectif. Il y a des photographes nés ... pis y a ceux qui trouvent pas ça inquiétant de se prendre un gros flash dans la figure à chaque fois qu'ils appuient sur le déclencheur.
Pasfollette pense qu'elle a une dent qui bouge. Ça fait des années qu'elle attend ce moment. Elle prend un crayon et monte tout de suite dans sa chambre.
Je monte un peu plus tard et la voyant griffoner à côté de son lit, je lui demande ce qu'elle fait.
-"J'écris une lettre pour la souris. - Ah? Déjà? Ben c'est gentil... - Oui, pour lui dire combien d'argent je veux."
Je jette un coup d'oeil.
-"Et, ahem, ... si la souris n'a *pas* 1000 dollars, elle pourra te laisser juste un dollar?"
... nan, mais les mecs vous pouvez pas comprendre, sérieux, z'avez pas envie de lire plus loin...
C'est juste pour dire, que quand vous avez ce besoin mensuel de chocolat, que vous vous baladez en bas de jogging supra pourrave assorti d'un vieux t-shirt dans lequel on jurerait que vous vous êtes mouché, que vous êtes pas maquillée, pas peignée pour cause de rien nafout';
alternant joyeusement les touche-pas-à-mon-chocolat-sinon-t'es-mort et les "WAHAAAAA - je suis groooooosse - je suis moooooche - j'ai un gros bouton dégueulaaaaaaasse sur le nez";
quand vous avez l'impression de faire au moins 100 kilos, dont bien 20 kilos de paranoïa, 30 kilos d'hormones pures et 50 kilos de cacao;
quand seulement la perspective de vous rouler en boule sur le canap' à regarder une comédie romantique (les meilleures sont celles où l'héroïne apparaît en vieux jogging pourrave et oh! miracle, elle est vachement belle quand même) peut vous motiver à sortir jusqu'au video store du bout de la rue;
quand vous redevenez une adolescente paranoïaque persuadée qu'il y a un panneau lumineux géant au-dessus de votre tête qui dit: "Cette femme est en pleine menstruation, pour plus de détails, dirigez votre regard vers l'abdomen où vous pourrez observer son utérus."
quand vous n'aspirez qu'à vous fondre dans la masse;
un conseil: vérifiez la couleur de vos cheveux avant de sortir chercher votre comédie romantique salvatrice, parce que ça suce big time d'avoir tous les regards braqués sur vous, votre culotte de cheval en huile végétale partiellement hydrogénée, votre t-shirt mouchoir, votre gros bouton dégueulasse sur le nez et bien sûr votre uterus tout ça parce que vos $%&*!@ de cheveux sont bleus.
Enfin et pour finir sur une note positive, fantasmons un brin sur la claque qu'on va mettre un jour aux abrutis qui sortent "M'enfin! T'as tes règles ou quoi?" et "Ouaiiis, mais tu dis ça parce que t'as tes règles."
Samedi soir, Grande Blonde nous a traîné dans une boîte de nuit pour cowboys très connue à Austin: le Dallas. Pasfou a tenté pour la première fois un blowjob. Il ne s'est pas trop mal débrouillé, il faut juste qu'il apprenne à avaler. On a tous les deux beaucoup apprécié le sex on the beach et je me suis découvert un gros faible pour les buttery nipples.
Si un soir vous êtes à Austin, Texas et que vous n'avez jamais vu un cowboy danser sur Britney Spears, rendez vous ici, ça vaut le détour.
Les enfants ont passé la nuit de vendredi à samedi chez Grand Brun et Grande Blonde et on les a récupérés le lendemain midi, dans un resto. Sauf qu'il m'en manquait un bout: Petit Pasfou 2 est arrivé avec un trou en plus (ou une dent en moins si vous voulez). Lorsque je lui ai demandé des détails, il n'a su que me dire:
- "Ben je l'ai perdu pendant la nuit mais je sais pas où elle est mais je crois qu'elle est restée dans le lit de Grande Blonde parce que nous on a dormi dans le grand lit et c'était super parce qu'on a regardé plein de trucs à la télé et c'est embêtant quand même parce que j'aurai pas d'argent mais je savais pas comme j'étais en train de dormir et peut être que Grande Blonde la retrouvera et elle pourra la mettre sous son oreiller et de toutes façons je lui donne alors elle peut la garder ma dent comme ça elle va gagner plein d'argent."
Grande Blonde était ra-vie, ça se voyait à son sourire figé.
Les enfants sont passés derrière moi au moment où j'essayais un truc trouvé dans un commentaire sur Embruns.
Forcément, ils ont voulu jouer avec. Les garçons décident d'y jouer sur un site qu'ils connaissent bien: PBS kids. Lorsqu'arrive le tour de Pasfollette, je lui demande si elle veut aussi balancer des missiles sur le site de PBS ou si elle veut faire ça sur un site différent.
"Moi je veux le faire sur ton blog" me dit-elle, droit dans les yeux.
Okéééé. Vas-y ma puce, passe toi les nerfs.
[Moi, je vais aller recompter le nombre d'heures que j'ai passé à l'ordinateur ces derniers jours; clairement j'ai dépassé le quota.]
Ok, ce post date d'il y a longtemps, j'ai oublié de le publier! :-) Même s'il est périmé, l'expérience est assez intéressante je trouve.
Au cas où vous n'ayez pas suivi, Buster, un petit lapin animé de PBS a déclenché une polémique en janvier. La série ( à caractère éducatif) étant financée en large partie par le ministère de l'éducation US, celui-ci a demandé à la chaîne publique locale productrice de la série (WGBH Boston) de rendre les fonds correspondant à cet épisode.
On commence à avoir tellement l'habitude des mesquineries de l'administration Bush que j'ai à peine relevé l'anecdote.
Seulement figurez-vous qu'on a reçu peu après une evite bien particulière (enfin, pour nous) de la part de Karl (chrétien pratiquant, petit-fils de Buddy).
L'evite reprenait les points essentiels de la polémique, précisant
"This wasn't girl on girl action - it was a kid's show about cheese and maple farming."
puis poursuivait:
"I'm pretty angry about this. Even if you don't approve of homosexuality, this is so far from the top of the education issues in this country, it's like a cop writing a traffic ticket while ignoring armed robbery." [...] "KLRU (NDLR: notre chaîne PBS locale) is going to air the episode in prime time on March 28 at 8 pm. I want to host a benefit dinner. Cheryl and I will provide dinner (probably something involving cheese and maple syrup). Feel free to chip in on that as you want. Everyone please bring a donation that we will send to WGBH as a group. I'm thinking $10 to $20 per person is a reasonable number, but really chip in whatever you want or can. The point is to do something concrete."
[Traduction approximative:
Cette histoire m'a bien énervé. Même si tu n'approuves pas l'homosexualité, c'est tellement loin des problèmes les plus pressants de l'éducation dans ce pays, c'est un peu comme si un flic mettait une contravention tout en ignorant un vol à main armé. KLRU va montrer l'épisode en prime time le 28 mars à 20 h. Je veux organiser chez nous un dîner pour recueillir des fonds. Cheryl et moi fournirons le repas (fromage et sirop d'érable y figureront sans doute ). Vous êtes libres de contribuer au repas comme vous le voulez. Veuillez tous ramener une contribution financière que nous enverrons ensemble à WGBH. Je pense que $10 à $20 par personne est une somme raisonnable, mais faites comme vous le voulez ou pouvez. Le but étant de faire quelque chose de concret.]
Avouez, vous avez déjà fait ça avec votre bande de copains? Au mieux, entre copains, on se refile des pseudo-pétitions par email, non?
On a donc assisté à cette soirée, qui était fort agréable. Elle ressemblait en tous points à toutes les autres soirées qu'on a pu faire avec ces amis. On a mangé, on s'est baladé, on s'est assis par terre quand il n'avait plus de place sur les canapés, on a regardé à la télé le fameux épisode, on a commenté, on a bien ri.
Quelques jours plus tard, on reçoit l'email suivant de la part de Karl:
Hi all!
Thanks to everyone for coming to the Postcards from Buster benefit. It was a lot of fun (especially the Mister Sinus style commentary), and we raised $205 for WGBH. Thank you all for your generosity!
Karl and Cheryl
Je trouve que ça illustre bien la vie politique de l'Américain moyen. Là où le Français descendrait dans la rue pour protester (et ceci n'est en aucun cas une critique de cette méthode), le reflexe américain est de chercher à faire quelque chose de positif, de constructif de sa protestation.
Tout ça pour dire que si on a parfois l'impression que les Américains se bougent pas assez contre Bush et ses politiques, c'est peut-être parce qu'en tant que Français, on s'attend à des manifs.
Et le premier qui me dit que $200 c'est pas constructif parce que c'est tellement ridicule comme somme par rapport aux $125 000 qu'a coûté l'épisode, illustre une autre caractéristique bien française: se laisser influencer par la négativité et la peur du ridicule.
Question à ceux qui savent: Est-il blogosphériquement acceptable de se pointer à un Paris Carnet (genre un 1er juin) sans habiter Paris? Si oui, j'ai plein d'autres questions, mais c'est plus des questions d'étiquette, genre: Combien de temps on a le droit de monopoliser une blogostar et est-ce qu'il faut prendre un numéro? Et puis surtout, un truc qui m'angoisse un peu...
Au moment où tout le monde se met à poil, on a le droit de garder sa p'tite culotte?
Hier on est allé avec Grande Blonde et Grand Brun siroter quelques cocktails dans un des rares lieux fréquentés à la fois par les touristes et par les autochtones.
Les decks avec vue sur Lake Travis
L'Oasis est une institution austinienne au Nord Ouest d'Austin. Je vous en livre ici le mode d'emploi.
1) Prévoyez d'arriver une demie heure avant le coucher de soleil. 2) Demandez une table à l'extérieur et installez-vous face au lac; s'il n'y a plus de place sur les decks revenez un autre jour. 3) Après avoir retenu le prénom de votre serveur/se, commandez les margaritas maison. Si vous saturez au niveau margaritas parce que vous ne buvez que ça depuis plus de 5 ans, vous avez le droit de prendre un 'strawberry swirl'. 4) Commandez des tortilla chips et du guacamole; si vous saturez au niveau guacamole aussi, il est temps de sérieusement vous demander ce que vous fichez au Texas. 5) Calez-vous bien confortablement dans votre chaise, laissez vos bras reposer mollement sur les accoudoirs et enjoy the show. [Affreux et abominable oubli d'une tradition immuable:] 6) Au moment exact où le soleil disparaît derrière l'horizon, et que tout le monde, y compris les serveurs, est tourné vers lui, une cloche retentit pour saluer le coucher du soleil. Applaudissez pour le saluer à votre tour.
Sur la droite, mais invisible: Hippie Hollow, la plage nudiste d'Austin
Ne faites pas l'erreur d'y commander à manger (c'est pas du grand art culinaire) et ne vous faites pas avoir par des pâles imitations comme l'Iguana, où la vue est plus limitée, le service pas terrible et la bouffe infâmesque (enfin, c'est mon expérience mais je n'y suis allée que trois fois).
Ok, pas terrible comme coucher de soleil, mais bon, vous voyez ce que je veux dire.
Quand Petit Pasfou 2 ramène une super blague de l'école, tout le monde y passe, et au moins deux fois. L'autre soir, on est dans la voiture, en route pour aller chercher Pasfou au boulot et PPF2 juge le moment opportun.
-"Hey! Pasfollette, what are you doing under there? - Under where? - HA HA HA HA - you said *underwear*! HA HA HA HA!" - Noooo, I didn't, I DIDN'T! Mooom! - Yes you diiid. Hey! Pasfollette, what are you doing under there? - UNDER WHERE ? - WAHAHAHAHA - you said underwear AGAIN! HA HA HA HA HA ! - No I didn't! MOM? MOM? Did I say underwear? MOOOOOM?! - Yeah you did, you diiid! Hey, Pasfollette, what are you doing under there? - etc..."
Quand les hurlements de Pasfollette ont fini de briser toutes les vitres, j'ai essayé de calmer le jeu un peu:
- "Tu sais PPF2, c'est seulement drôle une fois ta blague. - Ben non! Moi ça me fait rire tout le temps!" me dit-il l'air surpris.
On est arrivé au bureau de Pasfou, il monte dans la voiture et le temps de mettre sa ceinture, une voix, déjà hilare, s'élève: