Désolée. Ce qui suit est un bête recapitulatif de nos vacances, sans grand intérêt donc, mais ceci étant un journal...
Dimanche 26 décembre
On se pointe avec plus d'une heure d'avance à la gare d'Austin (comparable en taille à un tiers de la gare de Vendôme - Loir et Cher - 18600 habitants).
Pendant qu'on attend sagement, un représentant d'Amtrak m'appelle sur le portable pour me dire que finalement, je vais pas prendre le train mais le car.
Le garçon au guichet m'explique qu'à cause du mauvais temps en Arkansas, nous devons rejoindre le train à Fort Worth. Okééé.
Alors autant j'adore voyager en train, autant j'aime pas du tout, mais du tout voyager en car. J'ai assez donné du Eurolines-brise-moi-le-dos dans ma jeunesse, merci.
Mais bon, c'est pas comme si on avait le choix, alors on a quitté Austin à 10h10. On s'est arrêté à Temple, TX devant un KFC pour la pause déjeuner. Super.
Dans ma tête trottait l'image de ces passagers dans Lucky Luke qui, obligés de descendre du train parce qu'ils n'y a plus de rails, bougonnent, leurs baggages à la main: "Je me plaindrai à la compagnie".
Au moins KFC m'a fait rire:
Encore des gens qui se soucient de mon âme... :-)
Quatre heures après avoir quitté Austin, nous sommes arrivés à Fort Worth (à l'est de Dallas). Là, la gare atteignait à peu près la taille de la gare de Vendôme.
Le train est parti avec plus d'une heure de retard, à 16h45. On avait deux
sleepers (cabines très petites mais confortables, avec deux couchettes chacune) à l'étage, de chaque côté du train.
George est venu prendre nos réservations pour le dîner, tous les repas étant compris dans le prix des cabines.
La voiture restaurant était un vrai restaurant, rempli de vraies tables (grandes), avec un vrai menu et des vrais plats.
George, un jeune gars chauve très propre sur lui avec sa petite barbe et son costume, tous sourires sans être obséquieux, était notre
maître d'.
Plus tard, allongée sur ma couchette, les yeux fermés, bercée par le mouvement du train, j'entends le haut parleur annoncer un arrêt à Longview (situé dans le Nord du Texas), juste avant de m'endormir.
Lundi 27 décembre 2004
Réveil dans le Missouri. On prend le petit déj' en admirant une vue splendide sur le Mississippi et Saint Louis avec sa grande arche.
Au déjeuner, on est arrivé dans l'Illinois. Plein de superbes vues, signalées sur le
Route Guide du
Texas Eagle (le p'tit nom du train sur lequel nous voyageons).
On voit de la neige par-ci par-là. Ça tombe bien, on a quand même choisi de venir à Chicago en hiver exprès pour voir de la neige. Les enfants sont super excités à l'idée de jouer dans la neige.
A un moment, Petit Pasfou 2 s'inquiète parce qu'il a remarqué que notre cabine (sur le côté gauche du train) n'allait pas dans le même sens que la cabine jumelle des enfants (sur le côté droit du train, les deux cabines étant séparées par des portes et un couloir).
Il avait l'air d'hésiter entre avoir peur ou trouver ça rigolo que les deux cabines soient en train de rouler en sens opposés. Si c'est pas une pub pour le
homeschooling, ça!
Une fois arrivés, on saute dans un taxi. Notre première question est: "Où est la neige?" Le chauffeur nous explique qu'il faut être rapide pour la voir, la neige, à Chicago parce que quand elle tombe des centaines de chasse-neiges et des tonnes de sel sont utilisés pour la faire disparaître en quelques heures.
On se sent un peu bêtes.
Surtout que Pasfollette continuera pendant tout le séjour de nous demander quand on va enfin voir de la neige.
Mardi 28 décembre 2004
On passe la journée à se balader en métro aérien (
the El , pour
'elevated' ) et à se prosterner devant ce qui est clairement, collectivement, une véritable oeuvre d'art en architecture.
Mercredi 29 décembre 2004
On attaque la
Sears Tower et une queue de deux heures pour monter. On fait les français et on saute (dans l'illégalité totale) le film obligatoire de 20 minutes: pas payé pour voir une pub pour Chicago alors que j'y suis déjà.
On monte on fait le tour, on se rends vite compte que y a pas grand chose à voir, peut-être rapport au fait qu'on est dans un nuage. Au bout d'une vingtaine de minutes à lire tous les panneaux on décide de repartir, manque de pot, il y a bien 15 mètres de queue pour l'acensceur. Boarf, dis-je, asseyons-nous le temps que la queue se résorbe un peu.
Alors, comme il n'y a pas de banc ou de siège, on s'affale tous contre un mur, exténués d'être debout depuis des heures. Assise proprement en tailleurs, je surveille les enfants pour m'assurer qu'on ne gêne personne et je savoure, tout particulièrement au niveau de la plante des pieds ce délice qu'est le repos.
C'est alors qu'une petite dame en uniforme vient nous dire qu'on n'a pas le droit d'être assis. Incrédule, je lui fait répéter.
"Nulle part?", je finis par lui demander.
"Nulle part." me dit-elle sèchement.
Et là, en rejoignant la queue (maintenant, de 20 mètres), Pasfou vous dira que je lui ai foutu une honte monumentale, et que j'ai confirmé dans l'esprit de chaque personne présente que les Français étaient des sauvages ne sachant pas se tenir; qu'à force de faire pleuvoir des insultes sur la Sears Tower et les demeurés qui la dirigent j'ai fait en cinq minutes plus de mal à la réputation des Français aux US que Chirac en un an; qu'il a du finir par m'ordonner de me taire, ce à quoi j'ai répondu en boudant et me déclarant brimée.
No comment.
[Là mes parents se prennent la tête entre les mains, se disent qu'ils sont désolés pour Pasfou et surtout, se félicitent de ne plus être à sa place. :-) ]
Après, on a essayé une pizza chez le
Giordano's juste à côté. Là on a encore attendu un peu plus d'une heure pour se voir servir une
stuffed pizza soi-disant typique. En fait une espèce de tarte avec au fond 1 cm de croute fadasse, 1 cm de pseudo-fromage qui fait des fils mais qui n'a strictement aucun goût, et puis de la sauce tomate et trois bouts de garniture.
La méga arnaque, quoi.
C'est le
Art Institute qui m'a réconciliée avec Chicago.
Une collection de toiles magnifique, variée, de grande qualité et très bien mise en valeur.
À vous couper le souffle, vraiment.
J'ai découvert des peintres américains carrément intéressants tout en prenant plaisir à me rouler dans le luxe de ces peintres si familiers qu'ils font comme partie de la famille: les impressionnistes, fauvistes, cubistes, expressionnistes et surréalistes européens.
On était tous, parents comme enfants sous le charme.
J'ai même pas râlé quand à 16h15 il a fallu vider les lieux (bien que je trouve ça dommage pour un musée pareil de n'être ouvert que de 10h30 à 16h30, mais bon, je râle pas!).
Jeudi 30 décembre 2004
Le
Field Museum ne déçoit pas, mais je trouve quand même que le
Houston Museum of Natural Science est mieux fait.
Mais c'est peut-être le déjeuner qui m'a mis d'humeur méchante.
On est allé au
Marquette Inn où j'ai commandé une soupe et un poisson du lac.
La soupe était un espèce de Minestrone pas mauvais et j'en avais mangé les trois quarts avant d'y trouver un long poil noir. Pas un cheveu. Non, un poil... humain... pubien. D'un cri étranglé, j'attire l'attention du serveur qui se confond en excuses et qui me promet d'aller enquêter en cuisine. Je suis encore plus horrifiée, je ne VEUX SURTOUT PAS SAVOIR comment ce poil s'est retrouvé dans ma soupe!!!!
Le poisson étant déjà devant moi, je me décide à en manger au moins un peu, il est à peine cuit et s'avère être pourri d'un côté. Ça faisait quelques années que je n'avait pas regurgité/recraché aussi violemment un aliment à table.
Pire qu'une arnaque, ce resto vous enlèvera le goût de vivre.
Vendredi 31 décembre 2004
On monte au
Hancock Observatory, d'où on a une vue phénoménale sur la
skyline et la
shoreline de Chicago, le lac Michigan et les états voisins. Et il y avait plein de bancs, et pas de queue pour redescendre et le personnel était charmant.
Le commentaire enregistré dans l'ascenseur nous a bien fait rire : "...
The Hancock Observatory is the most recognized building in the world..."
Soit ils jouent sur les mots, genre ils ont gagné/payé pour recevoir des tonnes d'
awards, soit ils sont Texans.
En sortant, on cherche un resto. Une très gentille habitante du coin nous recommande
Tempo (très bon, en effet, et le café y est presque acceptable), puis voyant les enfants, nous recommande d'aller au Children's Museum et nous glisse à l'oreille que je ne sais quel blockbuster passe en 3D à l'IMAX. Comme elle est gentille, je me retiens de lui dire que j'ai pas fait deux jours de train pour voir un bête film dans un bête IMAX alors que les deux peuvent se trouver partout. Quant au Children's Museum,
don't get me started...
[Ça c'est comme le
Magnificent Mile, pourquoi, oui *pourquoi* voudrais-je me promener dans un endroit où tout le monde vient faire les boutiques???? ]
Après on est allé au
Millenium Park, qui est superbe. On a adoré le
Cloud Gate.
Puis on est rentré à l'
hôtel qui était idéalement placé.
Depuis notre fenêtre, on voyait la Sears Tower, le lac et
Buckingham fountain, où ont eu lieu les feux d'artifice.
Notre repas de réveillon: un paquet de crudités, du pain, du fromage, des fruits frais et des bonbons; le tout grignoté sur un lit d'hôtel; tous les cinq empilés les uns sur les autres, s'exclamant bruyamment devant les jolis feux d'artifices.
C'était génial.
Samedi 1er janvier 2005
Départ à 15h20.
Dans la dining car,
George nous reconnaît et nous demande comment c'est passé notre réveillon.
Au moment de se coucher, on tente avec Pasfou, parce qu'on s'aime vachement fort, de dormir dans la même couchette.
Vers 2 heures du mat', Pasfou se lève pour boire un verre, à son retour j'ai pris possession de chaque centimètre carré de la couchette.
-"Eh? Tu me fais de la place?
- Non. Je suis désolée mais j'ai trop mal au dos. Tu peux aller dormir ailleurs?
- ??? ...Ben où??? Toutes les couchettes sont prises!
- Chais pas, tu mets Pasfollette avec machin, ou truc avec bidule, chais pas... Merci. Bonne chance. À demain." Et je me retourne et je me rendors.
Mon pauvre Pasfou, obligé de faire des transbordements d'enfants pour retrouver une couchette... :-)
Bref, on a testé pour vous: les couchettes ne sont confortables que pour une personne.
Le lendemain matin, je me réveille dans l'Arkansas. Le temps de prendre ma douche, et on est à nouveau au Texas. Après Dallas, on passe pas loin de Crawford, où Bush a son ranch.
On n'arrive à Austin qu'une fois la nuit tombée, vers 20h, tous super contents de nos vacances.
La grande découverte du séjour: les trains européens n'arrivent pas à la cheville des trains
américains en confort. Les voitures pour pauvres, (ceux qui n'avaient pas voulu mettre l'argent dans des
couchettes) ressemblaient à la cabine Première Classe d'une grande compagnie aérienne avec bien un mètre entre les sièges et les dossiers qui s'inclinent assez pour que ta tête ne roule pas. Très confortable.
Il y avait aussi une voiture spéciale dont le toit était fait de vitres et dont les sièges faisaient face aux fenêtres. Très agréable.
Les toilettes et douches étaient très propres et le journal glissé sous la porte le matin, une touche appréciée.
Par contre ça bouge sacrément, moi j'aime bien, mais je suppose que ça peut ennuyer certains.
Je n'ai pas trouvé le coût du trajet extravagant ($1588 pour les billets et les deux
sleepers) , considérant que ça inclut, d'une certaine manière, deux nuits d'hôtel et 6 repas complets + 2 petits déj' pour 4 (soit 32 repas).
Le gros regret du séjour: avoir raté le musée de l'Architecture que je tenais beaucoup à voir et Devon St, le
Little India de Chicago.
La bonne affaire du séjour: avoir acheté des
City Pass, moins pour les économies que pour éviter les longues queues.
Le plus gros rire: quand on nous a appris qu'il était tombé 30 cm de neige au Texas en notre absence.
# rédigé par
Pasfolle à 07:09