On était invités à une soirée
potluck samedi dernier. Depuis peu, j'ai décidé qu'on allait répondre par l'affirmative à toutes les
evites (invitations) qu'on reçoit.
Celle-ci était le test ultime. Elle nous parvenait d'un couple d'expats Français. (J'ai tendance à ne pas m'entendre très bien avec la majorité des expats Français.)
Bref, ça fait plus d'un an qu'on n'a pas accepté une invitation par des Français.
Pendant toute l'après-midi Pasfou m'a supplié d'appeler pour annuler.
-"Allez quoi, on peut pas dire que Pasfollette est malade?
- D'abord, si j'ai une aussi sale réputation ici, c'est bien parce que tout le monde sait que c'est pas le genre de truc qui nous retient de sortir. Ensuite... c'est déjà ce qu'on a dit la dernière fois qu'on a décommandé au dernier moment. Et puis j'ai réservé au Kid Space.
- On a qu'à aller manger quelque part! Tous les deux...[Pasfou hausse un sourcil, me fait son sourire de playboy. Pendant un instant, il croit qu'il va gagner parce qu'il me fait rire.]
- Ouais, ouais, c'est pas la peine de me regarder comme ça, on a été manger en amoureux hier. Non, il faut qu'on sorte de notre bulle et qu'on prenne un peu des risques.
- Mais on *sait* que ça va être affreux!
- Et bien il faut qu'on s'expose un peu à des choses affreuses.
- ???... Pourquoi?
- Parce que! ... je me demande depuis quelque temps si mes souvenirs ne me jouent pas des tours. Ça se trouve, ils ne sont pas si horribles que ça.
- Mais si, mais si!"
Et ainsi de suite jusqu'à la porte d'entrée de M. et Mme Frenchie, nos hôtes.
Et bien, Pasfollette va continuer de souffir de maladies de dernière minute.
Avec les bonnes femmes on n'a parlé que d'enfants et d'école. Youpi. Déjà que je blogue quasi que sur ça.
Il y a bien eu une tentative de dériver sur leur autre sujet favori; la cuisine.
-"C'est toi qui les as fait les sushis?" me demande Mme Frenchie.
Ce à quoi j'ai répondu:
-"Haaaa, ha, ha, ha, ha, haaaaaa, ha, ha, ha! [Pasfolle se tord dans tout les sens en se tenant les côtes] Hou, hou, hou, hou! [Pasfolle essuie les larmes qui lui sortent des yeux] Teu-reuh-reuh! [Pasfolle s'étouffe sur son fou rire]"
Et c'est typiquement pour ce genre de truc que je suis moyennement appréciée paraît-il.
Moi, j'aime pas faire la cuisine, mais j'adore manger des bonnes choses; alors parfois, je fais la cuisine.
En tout cas, quand je passe deux plombes à la cuisine, c'est pas parce que j'aime éplucher des légumes et touiller la soupe et c'est encore moins pour frimer auprès de gens que je ne connais pas ou peu.
Comparez ma vision très... pragmatique, avec cette brave expat qui expliquait lors d'une autre soirée, les yeux pleins d'étoiles, que quand elle faisait la cuisine, elle trouvait ça "transcendant". C'est terriblement injuste, je sais, mais j'ai eu une de ces envies de lui mettre une baffe.
-"Non, non. Je suis sérieuse, ça me transporte!" disait-elle, avec de grands yeux bordés de cils lourds de mascara noir.
Et pendant ce temps, son mari torturait Pasfou avec ses histoires de Porsche, sans se rendre compte, que Pasfou se moquait ouvertement de lui et de sa Porsche.
Pasfou riait et incroyablement, le mari, pris dans son trip, ne se demandait même pas pourquoi.
Bref, samedi, on nageait en plein dans de ce genre de personnage. Où les mecs parlent de leurs exploits automobiles et les nanas de leur progéniture. Le tout parsemé de nombreuses blagues extrêmement faciles et d'un goût douteux, pour donner l'impression qu'on rigole, qu'on s'amuse et qu'on a de l'humour.
Et cette suffisance qu'ils se déversent les uns sur les autres, et ce curieux "je suis mieux que toi, car j'ai une carte verte/une naturalisation en cours" et cette détestable habitude de refuser de comprendre mon humour. :-)
On est partis les premiers, assez tôt.
Je regrette d'y être allée parce que je me ressasse la soirée dans la tête.
Encore une fois, j'ai raté l'occasion de leur dire ce que je pensais de leurs gamins dé-francisés pour mieux servir d'indicateur de réussite sociale, de leurs recettes si simples qu'un chimpanzée pourrait les faire avec ses orteils, de leur bagnoles de branleur sans imagination, de leur carte verte - status symbol, de leurs bises empoisonnées, de leurs points de vue condescendants, de leurs femmes potiches, de leurs maris ridicules, de leurs amis tous pareils et surtout, de leur incapacité totale à rire d'eux-même.
# rédigé par
Pasfolle à 23:50