Voici un entretien d'Yves Calvi avec Patrice Huerre: (merci à bellegarance pour le lien donné dans les commentaires du post précédent)
- "Nous retrouvons maintenant Patrice Huerre, qui est pédopsychiatre et expert auprès de la cour d'appel de Paris. Merci d'être avec nous Patrice Huerre. Le problème dans cette affaire, ce sont les enfants ou les adultes?[Question classiquement stupide d'un journaliste français]
- Écoutez, qu'il y ait de la violence ou de l'agressivité dès le début de l'enfance et pas seulement en maternelle mais avant déjà en crèche ce n'est pas une nouveauté, ça a toujours existé [bref, c'est la nature qui veut ça, c'est... ordinaire?].
Ce qui est plus surprenant pour autant que je connaisse cette histoire, c'est les réactions des adultes. Et en cela c'est un signe des temps, c'est à dire qu'il y a un désarroi considérable des adultes qui ne trouvent plus un positionnement correct [notez, faire un scandale et vouloir faire intervenir la justice quand son enfant est tabassé, n'est pas "correct"], habituel comme ça aurait été le cas en d'autres temps [ah le bon vieux temps où les enfants avaient droit au martinet, coups de règle et autres caresses, forcément, les parents ne voyaient pas le mal à quelques baffes supplémentaires dans la cour de récré. Ah le bon vieux temps où on pensait que ça leur formerait le caractère d'être rossé.] et dans d'autres circonstances et qui font immédiatement appel par la suite à des tiers extérieurs pour essayer d'arbitrer des histoires locales [c'est pas pour ça que c'est fait la justice? Ça veut dire quoi "locales"?]
- Qu'est-ce que vous voulez dire? Qu'avant le maître d'école, le directeur, les parents et les enfants, tout ce petit monde se serait retrouvé dans la classe pour une bonne engueulade?
- Une bonne engueulade [c'est tellement mieux des parents qui viennent taper sur la gueule des instits], une bonne remise au point, une sanction pour les enfants agresseurs mais en même temps une explication sur les limites du droit à exprimer son agressivité, bref, un travail éducatif
- C'était aux adultes de les séparer, de s'en rendre compte, on a quand même envie de dire qu'il ne faut pas minimiser ce qu'ont fait des enfants de cinq ans, je le rappelle, non?[Non, on a plutôt envie de parler deux minutes des adultes qui ne les ont pas séparés.]
- Les enfants de cinq ans sont pas exempts d'idées agressives et quiconque se souvient un peu de ses premières années à l'école maternelle se souvient qu'il y a quand même des belles bagarres parfois [je rêve, le mec qui se croit dans 'Le Petit Nicolas' maintenant] et encore une fois en crèche même avant, sur les tapis mous, il y a des tentatives d'expérimenter ses capacités nouvelles avec ses ongles un peu longs ou les premières dents [et c'est vachement comparable, t'as raison], c'est pas nouveau ça.
Ce qui ... ce qui fait défaut me semble-t-il, en général, et je ne parle pas de cette situation particulière [nooon, c'est pas comme si c'était pour ça que t'était à la radio, là], c'est la position adulte qui consiste à en même temps limiter, interdir voir sanctionner et d'autre part expliquer ce qui va faire... ce qui va être utile pour vivre en société, pour vivre avec les autres.
Et on est dans une époque où les individus sont très isolés, y a qu'à voir ça dans les immeubles les gens ne se connaissent pas, ne se parlent plus [oh non, pitié, pas encore le coup des voisins à qui on parle plus... Si je comprends bien, parler avec mes voisins empêcherait les enfants de se faire taper dessus à l'école?], et s'il y a le moindre litige [notez: 'moindre'] au lieu de s'engueuler ou de discuter ou de s'expliquer on fait appel à une instance tierce [Le problème c'est que c'est bien beau de taper la discute, prendre un pot, tout ça, mais l'objectif est quand même que ça ne se reproduise plus. Si l'objectif n'est pas atteint, il est tout à fait *NORMAL* de tenter une autre stratégie]
- Vous nous dites, il y a au moins deux choses, un: on aurait au minimum espéré que des adultes puissent intervenir rapidement pour empêcher que cette enfant soit battue [ah? je ne l'ai pas entendu dire ça]; deux: on se rends bien compte que tout ça va se terminer devant un tribunal, alors qu'il y a quelques temps, on aurait fait une médiation directement à l'école, c'est cela?[Et après?]
- Absolument
- À l'échelle des médecins et des psy pour enfants peut-on faire quelque chose pour aider cette petite fille et ses camarades de classe qui doivent être eux aussi impressionnés [Respecter la souffrance des enfants et l'indignation des parents, encourager à considérer ce genre d'incident comme un scandale afin que l'Éducation Nationale se donne enfin les moyens de surveiller les cours de récréation de manière plus efficace]
- Ce qu'il faut voir c'est que les effets traumatiques d'un incident ou d'un accident chez un enfant sont autant lié à ce qu'ils ont directement subi, qu'à l'ambiance périphérique, c'est à dire qu'ils vont être autant traumatisé éventuellement par le ram dam [Sotte que je suis! J'oubliais que les enfants de trois ans savent lire les journaux] que crée un tel événement, que par l'événement lui-même, et je crois qu'il faut qu'on se méfie...de remettre les choses à leur place, parce que certes c'est inacceptable d'être griffé, mordu et tabassé et ça malheureusement c'est arrivé à beaucoup d'enfants dans leur existence [et ils en sont pas morts, ralala! Si les autres ont pu fermer leur gueule jusqu'ici, la nouvelle elle peut aussi] et en même temps qu'il n'y ait pas une sorte de catastrophe périphérique, de dramatisation périphérique qui va faire penser à l'enfant alors même qu'elle se remettrait bien des choses, que finalement c'est beaucoup plus grave que ce qu'elle pensait [À chaque fois qu'elle se fera tabasser, on pourra lui dire: "c'est rien, c'est rien ma choute, t'as rien senti" et autres immondices qui arrangent bien les adultes.
Mon dieu, il croit nous apprendre quelque chose là? On a tous dé-dramatisé les petits bobos de nos enfants à un moment ou un autre, mais il ne faut pas se leurrer: c'est pas parce qu'on dit que c'est rien, que ça l'est forcément pour de vrai. ] - Merci beaucoup Patrice Huerre, je rappelle que vous êtes pédopsychiatre, expert auprès des tribunaux et auteur du livre 'Ni anges, ni sauvages. Les jeunes et la violence' aux éditions Anne Carrière."
Faire appel à la justice n'empêche pas "une remise au point" au sein de l'école.
Mais la remise au point concerne essentiellement l'enfant agresseur, et n'implique pas les adultes qui l'entourent. Il faut recentrer sur les adultes et leurs responsabilités envers les enfants.
En gros, avec la médiation seule, les résultats ne sont pas satisfaisants (puisqu'on continue de voir ce genre d'incident) - ils le sont d'autant moins qu'ailleurs, d'autres obtiennent de meilleurs résultats avec une approche différente.
Je veux bien dé-dramatiser une égratignure au genou, mais pas une agression.