J'ai hésité un bout de temps, mais finalement tout le monde qui connaît Petit Pasfou 2 en personne, connaît cette histoire, alors c'est un peu tard pour épargner sa future sensibilité.
En plus c'est instructif.
Un soir de février 2003, en ramenant les enfants de l'école un peu tard, j'écoute d'une oreille distraite trois voix à l'arrière. J'essaie de ne pas écouter Petit Pasfou 2 parce que lui il me déconcentre trop et que parfois, je suis même obligée d'arrêter la voiture.
C'est la voix de Petit Pasfou 1 qui m'alerte. "Ah, bon? C'est vrai? Fait voir?...Ooooooh! Maman, maman! Il a raison Petit Pasfou 2, il est tout rouge! Maman, maman! C'est vraiment grave!"
Naturellement, si c'est grave, je m'arrête au bord de la route. Je passe à l'arrière où Petit Pasfou 1, dans son empressement à me montrer, a les deux mains sur le pantalon de son frère et tire vigoureusement vers le bas.
Mais?! Qu'est ce que c'est cet *énorme* machin tout rouge accroché au bas de l'abdomen de mon fils? Oooooooooo!... Hou là là, mais c'est normal ça?
Je jette un coup d'oeil à Petit Pasfou 1. Il a l'air drôlement impressionné. Mouais. Si c'est normal, c'est pas courant dans les 7 premières années en tout cas.
-"Tu as mal?
- Non [tout sourires d'avoir impressionné son grand frère]
- ... T'es sûr? [ton carrément incrédule]
- Oui, oui. J'ai pas mal, vraiment!
- .... MAIS QU'EST CE QUE TU T'ES FAIT ENFIN!!!!!
- Mais rien.
- Mais t'as mis quoi dessus, c'est pas possible! C'est la première fois que ça te fait ça? [toujours en train d'essayer d'évaluer le degré d'anormalité, parce que je suis une fille et j'ai pas grandi avec les mêmes joujoux]
- Euh, oui.
Rentrés chez nous, j'appelle le cabinet de notre pédiatre pour demander un rendez-vous; seulement voilà, il ne peut pas nous voir avant le lendemain matin. Quand j'insiste un peu, la réceptioniste finit par me dire que si c'est une urgence, il y a des endroits fait pour.
Je regarde Petit Pasfou 2, hilare comme d'hab, et je prends rendez-vous pour le lendemain matin.
Lorsque Pasfou rentre du travail, tout le monde veut lui montrer le truc extraordinaire qui se passe dans le
sleep de Petit Pasfou 2.
Devant le degré d'affolement de Pasfou et la légère humectation, par reflexe, de ses yeux, je me dis qu'effectivement, c'est pas normal du tout.
Ne sachant pas trop quoi faire, ses fonctions urinaires intactes, on a mis Petit Pasfou 2 assis dans une solution antiseptique ; puis on l'a couché.
Seulement voilà, au moment de le coucher, je pense à un truc.
Je me dis que si c'est parti demain, je vais *encore* avoir l'air d'une belle cloche chez le médecin.
Et plus je rumine, plus je me dis qu'y en a marre de passer pour une mère hystérique qui imagine plein de maladies graves à ses enfants alors qu'ils ont juste un rhume/une otite/une mère hystérique.
Je vais me pointer demain, tout aura dégonflé et quand j'essaierai d'expliquer les proportions, le médecin va se dire intérieurement que j'exagère, que je sais pas représenter les choses objectivement mais que c'est pas ma faute parce que j'ai pas fait huit ans d'études comme lui.
Puis il me filera du
Tylenol (paracétamol) pédiatrique. Et nous, on ne sera pas avancé, on attendra bêtement que ça se reproduise, hanté par notre échec.
Hmmmpf! Et bien pas cette fois-ci! Cette fois-ci, j'aurai des preuves.
[Et là, à lire ça tranquillement devant votre ordinateur, vous me voyez venir à cent mille lieues; vous savez ce que je suis sur le point de faire; vous vous dites que quelque part, c'est pas une bonne idée.
Vous êtes comme au théâtre de Guignol: "Là, là! Derrière toi, il est là!" Sauf qu'ici, vous êtes en train de crier "Non, non! Ne fais pas ça! Nooooon!"
Alors:
1) C'est *un* peu facile
2) C'est *un* peu tard]
J'ai donc pris mon super reflex et j'ai mitraillé.
En gros plan.
Comme ça, si demain matin tout a disparu, je fais un développement en une heure au H.E.B. du coin avant d'aller chez le médecin. Ha! Cette fois, j'aurai pensé à tout!
[Ok, ok.
Là, vous êtes en train de vous tenir la tête entre les mains et vous dire: "Mais à quoi elle pense, enfin?".
Vous pouvez relire 1) et 2) et on en reparle dans un autre post.]
Le lendemain, rien n'a bougé lorsque j'emmène Petit Pasfou 2 chez le médecin. Le pédiatre est affolé, en effet les trois compères sont très très enflés. Il croit à une
torsion (malgré l'absence de douleur), m'explique qu'on a 6 heures pour opérer (alors qu'on est comme ça depuis la veille) et appelle les urgences les plus proches pour qu'ils fassent tout de suite une échographie à Petit Pasfou 2.
J'emmène donc mon p'tit bout, qui a toujours son grand sourire, aux urgences où l'échographie exclut l'hypothèse de la torsion.
Ensuite mon pauvre bonhomme fut soumis à une batterie de tests et de prélèvements aussi inutiles que douloureux, fut transféré par ambulance à l'Hôpital de Brackenridge dont on ne sortit que le lendemain. Tout avait fini par dégonfler pendant la nuit.
Et moi qui était entrée avec un petit garçon souriant, qui n'avait pas mal, suis ressortie avec un petit garçon qui avait beaucoup pleuré, pas mal hurlé et qui avait désormais très mal, merci beaucoup.
Tout ça pour conclure à une méchante mais banale piqûre de
fourmi de feu ou
fire ant.
Les
fire ants (qui sont moins
répandus à Austin qu'à Houston) on les connaît bien, et si vous êtes piqué par un
fire ant, voici un petit guide des réjouissances au programme:
D'abord, ça fait très très mal. J'en connais qui, ayant goûté aux deux, préfèrent se faire piquer par un scorpion.
Ensuite, il y a très rarement une seule piqûre. Certaines personnes enflent beaucoup autour des piqûres, d'autres pas du tout.
Tout de suite après vous être fait piquer, ça donne ceci (remerciements à ma pauvre Pasfollette):
Au bout de 2 jours, ça donne des pustules, comme ça:
Ensuite, ça vous démange pendant 15 jours au point de vous empêcher de dormir et de vous faire arracher des lambeaux de peau, vous laissant, enfin, de jolies cicatrices.
Je vous recommande
l'article très drôle de Dave Barry, en anglais, sur les
fire ants.
# rédigé par
Pasfolle à 23:15