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Pasfolle vit au Texas depuis octobre 1999 avec son mari Pasfou et leurs enfants
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Petit Pasfou 2 (7 ans) et
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31.10.04

De l'utilité de la photo numérique

 
Mars 2003.
9 heures du matin; Pasfou a emmené les enfants à l'école et est parti au travail. Moi, je somnole dans le lit, savourant mon statut de chômeuse forcée (oui, ça m'arrive). Le téléphone sonne et je décroche.

-"Bonjour, je suis bien chez madame Paufalle?
- Pasfolle, oui.
- Je voudrais parler à madame Pasfolle, s'il vous plait.
- Oui, c'est moi. [Ton un peu sec, parce qu'un télévendeur qui me raccourcit ma grasse mat' n'est pas franchement mon ami.]
- Bonjour madame. Je suis l'officier de police Truc Machin des services de protection de l'enfance. J'aurais besoin que vous répondiez à quelques questions. [Le ton n'est pas menaçant, mais très sérieux.]
- ...???... euh....oui...
-Pouvez-vous m'épeler votre prénom et votre nom s'il-vous-plaît?"

Pendant que j'épelle, je finis par comprendre (ou je me réveille, au choix).
En effet, j'ai emmené la pellicule photo de l'épisode ci-dessous au HEB (chaîne locale de supermarchés) il y a plusieurs semaines déjà. Les photos, dont l'immense majorité sont d'un pique nique au bord du lac Travis, tardent à me revenir...

-"Madame, je veux vous parler de photos que vous avez déposé...
- Oui, je sais lesquelles vous voulez dire; ce sont des photos de mon fils.
- De votre fils? De ses parties g*****les?
- Oui, oui. C'est vous qui les avez? Parce que je commençais à me demander si elles n'étaient pas perdues.
- Bon. On va commencer par remplir quelques cases. "

À un moment, dans mon esprit encore tout engourdi de sommeil, je me suis demandée s'il était bien prudent de donner ainsi nos numéro de sécurité sociale, numéros de permis de conduire, de passeports, le nom de Pasfou, son lieu de travail, etc... à un inconnu au téléphone; mais bon, je me voyais pas lui demander de me montrer son 'badge' au téléphone.

Au bout d'une dizaine de minutes à remplir mon dossier, l'officer est satisfait. On va attaquer la partie moins agréable.
Il me parle doucement, poliment, calmement, sans la moindre aggressivité.

- "Tout d'abord, je veux que vous sachiez que la loi oblige les personnes travaillant dans les labos photo à nous transmettre ce genre de photo. Ils peuvent aller en prison s'ils ne le font pas. Si je vous dis ça, c'est pour vous faire comprendre qu'ils n'avaient pas le choix. Ça ne sert à rien de leur en vouloir. D'accord?"
- "Madame, pouvez-vous me dire pourquoi vous avez pris ces photos?"
- "Pourquoi n'avez-vous pas été tout de suite aux urgences?"
- "Donnez moi une description précise de ce que vous et votre mari avez fait."
- "Pouvez-vous me donner le nom de votre pédiatre s'il vous plaît, et son numéro de téléphone?"
- "Votre fils présentait-il une difficulté à uriner?"
- "Quel est le nom de l'hôpital où vous avez emmené votre fils?"
- "Quel est le nom du médecin qui l'a traité dans cet hôpital?"
- "Quel jour exactement avez-vous emmené votre fils à l'hôpital?"
- "Votre fils souffrait-il ce premier soir, après l'école?"
- "Comment le savez-vous? Qu'est-ce qui vous rends si sûre?"
- "Le nom de votre fils et sa date de naissance, s'il vous plaît."
- "Avez-vous d'autres enfants? Leurs noms et leurs dates de naissance s'il vous plaît."
- "Où vont-ils tous à l'école?"
- "Avez-vous l'intention de voyager dans le futur proche? Je voudrais pouvoir vous recontacter dans le courant de la semaine prochaine."

L'entretien prends fin, je tremble de partout, sauf dans la voix. Ma voix est parfaitement égale et posée. J'ai eu tellement peur qu'elle tremble.

L'officer me dit qu'il va vérifier mon histoire aussi rapidement que possible, puis qu'il renverra mes photos au HEB si tout va bien d'ici une semaine. Il me dit qu'il sentait 'dans son coeur' qu'il n'avait pas affaire à un cas de "child abuse" à cause des 21 autres photos, et qu'il avait donc traité d'autres dossiers plus urgents avant le mien, d'où le délai.

Je sens qu'il est soulagé. Si l'état de Petit Pasfou 2 avait été le résultat de "child abuse", c'en aurait été de l'extrême.
Tout d'un coup, je suis soulagée pour lui. Il doit voir des choses si cauchemardesques.
Je sens toute la noirceur de sa journée, je voudrais en annuler ne serait-ce qu'une petite partie.
Je voudrais qu'il sache que Petit Pasfou 2 est l'enfant le plus joyeux et heureux qu'on puisse imaginer.
Mais je ne sais pas comment faire, alors je balbutie une phrase sans queue ni tête, le remerciant de faire le travail qu'il fait. Je le remercie parce que je suis si soulagée de ne pas être celle qui doit le faire. Je le remercie et en même temps, je le hais.

Je le hais de me faire si peur; si peur.

Je repose le téléphone. Je prends une grosse respiration, et j'appelle Pasfou.


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