Hier en rentrant de Houston, on s'est arrêté dans un petit resto local sur la route. Pour vous dire à quel point on était dans "l'Amérique profonde": il y avait une grande section fumeurs et il fallait se trouver une table tous seuls. En effet, c'est en voyant le petit écriteau sur lequel était écrit "Please seat yourself" à la place du traditionnel "Please wait to be seated" que j'ai compris qu'on risquait de se faire remarquer.
Bref, on s'est trouvé une table tous seuls comme des grands, même si ça faisait longtemps qu'on ne l'avait pas fait (en fait c'est comme le vélo, on n'oublie jamais tout à fait).
Nos voisins étaient une petite famille avec deux adorables petites filles aux longs cheveux blonds ... et habillées en treillis de la tête aux pieds; leur papa portait une casquette 'Remington',... du genre qu'une compagnie offre aux clients fidèles...
La serveuse eut du mal à comprendre notre accent qui s'est pourtant beaucoup américanisé au cours des années.
Je me suis dit que l'endroit était idéal pour commander cet aliment curieux qu'est le
Chicken Fried Steak, typique de la campagne par ici.
La première fois que j'en ai commandé, j'étais très curieuse de savoir si j'allais manger du poulet ou du boeuf, surtout qu'il existe aussi le
Chicken Fried Chicken, pour ne pas simplifier les choses!
Et bien le
Chicken Fried Steak, c'est un steak trempé dans une pâte à beignets salée (aromatisée au poulet?) puis passé à la friteuse, le tout servi avec des frites (si!) et de la "
gravy", sorte de sauce béchamel au poivre.
Voici le rapport établi par mes papilles gustatives:
"Cher Cerveau et autres neurones dirigeants,
Nous prenons la plume dans l'indignation et la colère.
En effet, l'utilisation peu orthodoxe faite en ce jour de notre outil de travail et le mépris manifeste pour notre rôle au sein de cet organisme humain, nous a contraint de déclarer une grève générale.
Cela vous amuse peut-être de nous envoyer des bouts de cuir enroulés dans du papier torchon le tout baignant dans de l'huile de moteur, mais nous considérons cela comme rien de moins qu'une attaque sauvage et pré-emptive sur la bonne tenue de la langue que nous habitons, sans parler de l'impact sur l'environnement (les dents, notamment ont subi des dommages irréversibles).
Alors voilà, nous exigeons une renégociation immédiate de notre retraite qui ne prévoit que de la bouillie de rutabaga pour nos vieux jours, et proposons d'insérer une clause "glace à la fraise tous les mercredis" à partir de 65 000 repas de bons et loyaux services, sans quoi cette grève ne saurait prendre faim.
Enfin, nous sommes au regret de vous informer que, selon nos sources, notre collègue l'estomac est également fort mécontent et vous le fera savoir d'ici peu de temps...
En vous souhaitant bien du plaisir à continuer d'essayer de justifier la présence de notre organisme humain dans la déchetterie où il se nourrit depuis quatre ans!
Le Comité Inter-gustatif Papillonnaire."
# rédigé par
Pasfolle à 21:22